Un état qui ne regarde que le passé
Depuis 2011, le débat politique tunisien s’est enfermé dans un nombrilisme stérile et destructeur, n’ayant pour seul horizon que la lutte pour les intérêts personnels de chaque camp. Une élite politico-intellectuelle incapable d’identifier et de décrire, dans un document simple et accessible, l’ensemble des vrais défis auxquels notre nation, notre région et notre civilisation sont confrontées pour les décennies à venir, accompagnés de véritables orientations stratégiques à la hauteur de ces défis.
Nous avons lu, avec attention, plus d’une centaines études pseudo stratégiques produites depuis 2007. Le constat est simple : le néant absolu. Un niveau de médiocrité à faire pleurer, quand on sait que certains de ces documents ont coûté jusqu’à 2 millions d’euros aux citoyens ! Des études produites, pour la plupart, par des cabinets étrangers, avec toujours les mêmes points communs insupportables : aucune vision partagée, aucune méthode commune, aucune ambition, aucun plan d’actions concrètes et chiffrées. Et surtout : aucune volonté de rompre avec le système existant, pourtant à l’origine de tous nos maux.
Le peu de travail existant, accouché dans la douleur des luttes de pouvoir entre les milliers de conseillers ministériels, nous livre une succession de banalités, hors temps et hors sol, totalement déconnectées du réel : « Il faut lutter contre le changement climatique. », « Il faut une transition énergétique. », « Il faut réformer la justice. », « Il faut développer les régions. », « Il faut finir les projets en cours. », Il faut, il faut, il faut… Une liste à la Prévert de vœux pieux, censée donner bonne conscience auprès de instances internationales et légère consistance dans les médias. Mais toujours sans une seule proposition de rupture à l’horizon sur le moindre sujet : L’absurdité scientifique de mettre des panneaux solaires dans le désert est un bon exemple de ce que peut produire ce type d’analyses médiocres sans vision ! (nous y reviendrons)
Depuis 2011, les postures politiciennes, les alliances contre-nature, les polémiques sans fond se sont enchaînées, pendant que le monde, lui, bascule sûrement et rapidement dans la plus grande période de mutation de l’histoire des civilisations modernes. Pour la première fois depuis le déluge et la fin de l’ère glaciaire, des crises touchent simultanément tous les continents et toutes les sociétés : effondrement écologique, recomposition géopolitique, menace de troisième guerre mondiale, massacres à répétition, épuisement des ressources, pollutions provoquant des millions de morts, extinction des espèces animales et végétales, crises migratoires, fragmentation sociale, disparition de la classe moyenne mondiale, perte de souveraineté des nations, crise financière et de la dette, complexification du monde … La liste est longue et terrifiante.
Et ces impacts sont bien présents en Tunisie, mesurables depuis déjà trois décennies : En 2005, les impacts du changement climatique étaient déjà évalués par l’État à 7 % du PIB. La crise de la jeunesse était identifiée et anticipée dès 1998. Celle des ressources, notamment du pétrole, dès les années 2000. Et à chaque fois, les mêmes axiomes proposées par nos superbes élites au pouvoir : « Surtout ne rien changer. »
Depuis 2011, le constat est simple : aucun gouvernement n’a posé un diagnostic clair de notre futur. Aucun n’a été force de proposition pour un vrai changement de rupture. Nous oscillons entre : des copier-coller de récits internationaux sans aucune adhérence avec notre réalité, un silence stratégique total, et un refus obstiné du réel. TOUS les accords signés depuis 2011, quel que soit le sujet, en sont le symptôme le plus flagrant : Rédigés à l’étranger, imposés, systématiquement défavorables à notre nation, et vidés de tout débat démocratique et de toute perspective de changement.
Comprendre le futur pour transformer l'existant
Notre démarche est, évidemment, radicalement différente : Notre manifeste, présenté en détail dans la suite du document, définit précisément nos valeurs et nous sert de boussole pour l’avenir. Mais cela ne suffit pas. Consacrer la souveraineté ou la résilience comme matrice de nos décisions n’explique pas quelles décisions il faut prendre. Comme toute entreprise ou toute administration moderne, il nous faut une méthode cohérente et mécanique pour définir les orientations stratégiques qui doivent guider nos choix.
C’est tout l’objectif de nos enjeux de civilisation. Nous posons sur la table des débats 16 enjeux de civilisation et de société, qui redéfinissent l’avenir des nations. En les nommant, nous choisissons d’affronter la complexité, plutôt que de la fuir, et nous traçons une voie fondée sur la lucidité, la cohérence et l’action. L’analyse de ces enjeux se fait au prisme de nos valeurs, et nous permet de définir une stratégie de transformation de la nation. Ces 16 enjeux sont organisés en 5 grandes catégories stratégiques :
1. Géopolitique globale & régionale
- Pour repenser notre position entre BRICS, Europe, Afrique et Maghreb, et sortir de la dépendance géostratégique.
2. Écologie et ressources naturelles
- Pour faire face aux limites planétaires, sécuriser nos ressources, et reconstruire une économie résiliente et territoriale.
3. Société et culture
- Pour restaurer un récit collectif, affronter la crise de sens, renforcer la cohésion sociale et la souveraineté culturelle.
4. Économie et nouveaux modèles
- Pour sortir de l’économie de rente, relocaliser la production, libérer l’innovation et refonder nos services publics.
5. Souveraineté et sécurité
- Pour reconquérir nos territoires, nos données, notre monnaie, nos institutions, et garantir la sécurité nationale.
Nos 16 enjeux de civilisation et de société pour tracer un chemin vers l'avenir
1.Géopolitique globale
- La géopolitique mondiale, le mondialisme et la mondialisation
- L’intégration régionale et notre rôle stratégique dans le Grand Maghreb et la Méditerranée
2.Écologie et ressources
- Le changement climatique et les limites planétaires
- La pollution généralisée et ses impacts sanitaires et environnementaux
- L’extinction des espèces et la perte de biodiversité
- La raréfaction des ressources naturelles stratégiques
3.Démographie et migrations
- La démographie africaine et les défis migratoires
4.Société et culture
- La crise de sens, la fragmentation culturelle et la perte du récit collectif
- L’évolution des attentes citoyennes sur les modes de vie, les comportements et la culture du changement
5.Économie et modèles
- Les révolutions scientifiques et industrielles : impacts et nouvelles pratiques socioéconomiques
- La transformation des modèles socioéconomiques publics et privés
6.Gouvernance et institutions
- La refonte de la gouvernance nationale et des missions de l’État
- La complexification du monde et la perte du pouvoir de décision des nations et des citoyens
- La fragilité des systèmes financiers nationaux et internationaux, et la crise des finances publiques incluant la dette
7.Sécurité et souveraineté
- L’industrialisation de la criminalité et du terrorisme
- La souveraineté numérique, l’intelligence artificielle et le cyberespace
Notre projet politique
Ces enjeux, associés à notre idéologie (le manifeste), fondent notre projet politique (au sens du Politikos et de la civilité). Ils dépassent les querelles d’appareils. Ils éclairent nos choix. Ils permettent de penser à long terme, avec ambition et clarté.
Dans les articles suivantes, vous trouverez une synthèse des orientations stratégiques associées à chaque enjeu.
Comprendre le monde, c’est déjà reprendre la main. Reprendre la main, c’est déjà dessiner notre avenir.
Articles suivants (Ordre logique de lecture)
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- La Tunisie éternelle
- Le manifeste
- Les essentiels
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Cet article vous présente les quatre axes qui structurent notre plan de transformation national INTILAQ 2050. Comme pour nos valeurs et nos enjeux de civilisation, ces axes ne sont ni une philosophie abstraite ni un slogan marketing creux. Ils incarnent une méthode rigoureuse pour orchestrer une transformation ambitieuse. Les grandes...

Anticiper pour construire l’avenir À la lecture du nom de notre projet « INTILAQ 2050 », la plupart de nos interlocuteurs réagissent souvent de la même manière : « 2050, c’est loin ! Cela n’a aucun sens ». Cette réaction reflète concrètement l’impact direct des politiques mises en œuvre depuis la révolution...