Une communauté citoyenne partageant l’amour de la Tunisie
Je suis Adlen Kamoun, directeur en stratégie, ancien Senior Manager chez Accenture, l’un des plus grands cabinets internationaux de stratégie et de conseil spécialisé dans la transformation des grandes entreprises et des gouvernements, ainsi que chez Onepoint, acteur clé de l’innovation numérique en Europe.
Je suis également le fondateur et le stratège de notre mouvement citoyen INTILAQ 2050.
Après avoir quitté une carrière confortable à l’international, j’ai choisi de revenir m’installer en Tunisie pour m’engager concrètement dans l’action. En 2018, après avoir exploré divers partis et organisations politiques du pays, j’ai rapidement compris qu’il n’existait aucun espace sincère et structuré dédié à la réflexion stratégique et au travail de fond, pour imaginer une vision claire de notre avenir national.
Déception après déception, j’ai décidé de relever un défi personnel : consacrer deux années de ma vie à un projet fondateur, en rédigeant un livre-manifeste présentant ma vision d’une Tunisie idéale, souveraine, conquérante et profondément humaine.
Très vite, de rencontres en rencontres, un petit groupe informel s’est constitué autour de cette initiative. Face à la complexité grandissante de notre réalité nationale, j’ai choisi de mettre temporairement en suspens l’écriture initiale, jugée trop générale, pour entrer plus profondément dans la réalité de notre pays, secteur par secteur.
J’ai alors sillonné la Tunisie, rencontré citoyens, experts, ministres et hauts fonctionnaires. J’ai collecté, analysé et synthétisé des dizaines d’études produites par l’État et les ONG, ainsi que toutes les données disponibles.
Avec notre petite équipe passionnée, nous avons produit un travail inédit dont je suis fier : le premier plan de transformation systémique de la Tunisie, structuré autour de quatre valeurs fondamentales (Souveraineté, Résilience, Conquête, Humanité), porté par une méthode stratégique rigoureuse et une vision claire, compréhensible par tous : bâtir une Tunisie capable d’atteindre le niveau de vie du Portugal d’ici 2050.
Mais l’euphorie et l’élan ne dureront pas longtemps…
2022-2024 : les années noires
En 2021, dans un contexte de blocages politiques et de pandémie de Covid-19, le président Kais Saïed, profitant d’une forte popularité, s’octroie les pleins pouvoirs. Il suspend puis dissout le Parlement, abroge la Constitution de 2014 et en impose une nouvelle par référendum, marquée par un exécutif fort et une référence controversée à l’islam.
S’ensuit une répression sans précédent. Parmi les corrompus et criminels, viennent rapidement s’ajouter massivement des personnalités politiques de tous bords, puis des avocats, des intellectuels et même de simples citoyens tels que des vidéastes et « tiktokeurs ».
Orlov et Ibn Khaldoun avaient raison : une nation privée de sens n’a qu’une seule trajectoire possible, celle de l’effondrement.
Nous brûlons de l’intérieur. Nos membres veulent faire une pause, arrêter les publications, les vidéos. La peur s’installe doucement mais sûrement.
Un ami avocat me supplie : « Supprime tout, ne prends aucun risque ! » Je me revois devant mon écran : la plupart des médias ont déjà fait une partie du travail, mes articles et interviews ayant disparu des archives. Je fais alors la même chose sur YouTube, Facebook, LinkedIn, X, et sur l’administration de notre site web. Clic après clic, je suis le témoin impuissant de ma lente disparition numérique. Mes mots et mes idées s’évaporent comme s’ils n’avaient jamais existé. Une centaine d’articles, une centaine de posts et de vidéos, une centaine de larmes.
2025 : D’une étincelle, nous renaitrons !
Le guerrier en moi brûle encore, mais la raison prend le dessus : disparaissons pour mieux revenir.
Nous choisissons alors la discrétion, entamant un travail discret de rencontres, y compris avec des membres de l’État, avec toujours la même idée fixe : porter nos propositions. Mais nous découvrons une administration elle-même tétanisée. Nous ne sommes pas les seuls à avoir peur.
Nous prenons contact avec plusieurs candidats à la dernière élection présidentielle. Les messages passent, l’espoir renaît… mais il sera éphémère. Le premier candidat doit fuir le pays, le second est incarcéré.
Je me revois alors penser : « J’arrête, je jette l’éponge, trop c’est trop ! » Mais les mois passent et le feu brûle toujours en moi. Impossible de me concentrer sur autre chose.
Alors je reprends, seul, tout notre travail, aidé par mon précieux ami ChatGPT qui m’accompagne pour corriger mes textes et vérifier mes calculs. Je me reconcentre sur notre plan de transformation, reprenant mon idée initiale : « Je vais sortir ce livre, peu importe ce qu’il adviendra ! »
Je réinitialise notre site web, vide depuis trop longtemps. Je recommence par « les essentiels », en reprenant et améliorant ces 15 premiers articles écrits en 2020.
Je click, je publie, et advienne que pourra ! je jette un coup d’œil à mon répertoire de travail : Bon sang ! il me reste 273 articles à reprendre et mettre à jour ! sans compter les documents clés du plan de transformation sous Word, PowerPoint et Excel !!! Alors allons-y !
Je continuerai d’écrire « nous », je continuerai de parler de « notre » mouvement, en rêvant à notre fondation future.
Et je vous fais cette promesse : soyez-en sûrs, nous le ferons !
Que Dieu nous protège et que destin se fasse – Adlen Kamoun – Janvier 2025
A la mémoire d'un patriote
