En assurant une maîtrise souveraine de nos frontières, en consolidant la légitimité de la gouvernance de la nation, en cultivant notre identité et notre langue, en garantissant l’intégrité du système judiciaire, en affirmant notre indépendance monétaire, et en réhabilitant la souveraineté de notre vie politique, nous posons les fondations d’une Tunisie souveraine, consciente et maîtresse de son destin.
Mais cette souveraineté ne saurait se réduire à un empilement de politiques sectorielles. Elle est un système vivant. Car dans un monde où les menaces sont devenues à la fois diffuses et globales, dépendances économiques, ingérences informationnelles, crises climatiques, instabilités régionales, toute vision cloisonnée ou technocratique est condamnée à l’échec.
C’est pourquoi nous défendons une souveraineté systémique, inspirée des travaux sur les systèmes complexes (Donella Meadows, Edgar Morin). Une souveraineté pensée en termes de résilience structurelle, de boucles de rétroaction, de cohérence entre finalités et instruments, et de capacité d’auto-organisation à long terme. Autrement dit, un art stratégique d’agir sur l’ensemble des leviers de puissance nationale en les pensant comme un tout interdépendant.
Notre ambition est claire : retrouver une maîtrise réelle sur nos choix collectifs. Cela suppose une capacité accrue à anticiper, modéliser, décider. Gouverner, aujourd’hui, c’est comprendre les interactions, simuler les trajectoires, tester les vulnérabilités, mesurer les effets différés. Cela exige de reconstruire une intelligence nationale, fondée sur l’exploitation souveraine des données, l’innovation publique, et le développement de modèles d’aide à la décision capables de représenter notre réalité dans sa complexité.
Mais il ne peut y avoir de souveraineté technique sans souveraineté intérieure. Ibn Khaldoun nous rappelle que « la cohésion est la condition première de la survie d’un État ».
C’est pourquoi la conscience collective, ce lien invisible entre les générations, les communautés et les territoires, constitue le socle de notre souveraineté. Elle est nourrie par :
- Une éducation enracinée et critique,
- Une culture vivante,
- Une démocratie active et continue,
- Une stratégie informationnelle souveraine,
- Une justice sociale réelle, condition de la confiance.
Ainsi conçue, la souveraineté n’est pas une couche institutionnelle, mais une énergie transversale. Elle doit irriguer tous les domaines de la vie nationale, non pas par imitation de modèles extérieurs, mais en bâtissant notre propre cohérence.
Vous retrouverez la déclinaison de cette vision holistique de la souveraineté dans les autres chapitres du manifeste, à travers nos trois autres valeurs fondatrices :
- La Résilience, où nous élaborons une stratégie nationale d’anticipation, de protection et d’adaptation aux chocs systémiques ;
- La Conquête, qui porte notre ambition d’innovation, de projection, et de rayonnement civilisationnel dans un monde instable ;
- L’Humanité, qui incarne notre vision de l’épanouissement collectif, de la dignité sociale et de l’harmonie culturelle.
Car la souveraineté n’est pas un but figé, mais un processus dynamique, lucide, conscient. Elle s’exprime dans notre manière d’organiser l’administration et les institutions de la République, dans la réforme des services publics, dans la gestion stratégique de nos ressources naturelles (eau, énergie, phosphate, agriculture), dans le redéploiement de nos entreprises publiques, dans notre politique monétaire, notre système financier, notre modèle de développement économique, notre santé, notre enseignement, notre innovation.
Notre engagement à ce manifeste est clair : nous portons une souveraineté assumée, intégrale et opérationnelle. Une souveraineté ouverte mais non naïve, capable de construire des interdépendances choisies et de rompre avec les logiques de soumission. Une souveraineté lucide, informée, enracinée, qui dépasse les slogans pour se traduire en orientations concrètes.
C’est cette vision, globale et cohérente, qui permettra à la Tunisie de redevenir pleinement actrice de son avenir, maîtresse de ses choix, et force de proposition dans un monde fragmenté.
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La résilience d’une nation se définit par sa capacité à anticiper, résister, s’adapter et se remettre des crises ou perturbations, qu’elles soient économiques, numériques, environnementales, sociales, sanitaires, politiques ou géopolitiques. Cela inclut des événements tels que des catastrophes naturelles, des crises économiques, des conflits armés, des cyberattaques d’envergure, des attentats...